Lettre ouverte à Madame Veil...

Chère Simone,
Je t’écris aujourd'hui pour te faire part de mes craintes et de mes peurs de femme et mère d'une petite fille.
L'année de ma naissance, tu t'es battue seule contre tous et tu as réussi.
Tu as essuyé des insultes, des crachats, des paroles plus que blessantes mais tu as tenu bon.
En pensant à toutes celles qui étaient mortes sous les aiguilles à tricoter, mortes de la loi des hommes, tu es montée à la tribune et tu leur as dit. Que les femmes avaient le droit de choisir, que mourir sous les doigts d'une faiseuse d'ange n'était pas normal et que les femmes qui avortaient étaient aussi celles qui faisaient des enfants.
Tu leur a dit et ils t'ont écouté.
Et en 1975, alors que j'ouvrais les yeux sur un monde nouveau de liberté, toi tu avais gagné pour nous toutes.
Mais aujourd'hui, Simone, alors que nous pensions que tout était acquis, le combat doit reprendre.
Ta loi est gravée dans le marbre, mais ils sont plus fourbes que ça.
Ils nous empêchent de l'appliquer, tout doucement, insidieusement et pernicieusement.
Ils ferment les centre IVG, rallongent les délais de consultation et les 12 semaines sont vite derrière nous. Alors on va en Espagne ou en Angleterre et les plus démunies le sont encore plus.
Roselyne, elle a dit que l’hôpital devait être rentable, alors on démantèle les centres IVG et les places deviennent chères et rares. L’hôpital public se désengage et nous laisse sur le bord de la route.
L'avortement est un droit mais son application devient une bataille.
Tu vois Simone, ton combat n'est pas fini et le mien continue. Ta loi on va la défendre bec et ongles pour nous et pour nos filles.

Alors comme tu l'as fait à la tribune de l'assemblée, je serais dans la rue avec mes trois enfants pour leur dire que l'avortement est un droit et que son application pour toutes est fondamental.

Au fait........merci.