De l'autre côté de la mer

Je suis française. Née à Paris, éduquée dans des écoles laïques et fervente militante des valeurs de la république.
Je ne suis pas issue de l'immigration, je ne suis pas une "beurette", je suis française et riche de l'Algérie.
Riche des odeurs des rues d'Oran, du gout salée de la mer des vacances, de la couleur du henné, des vapeurs des hammams avec mes tantes et cousines et de la musique de Remitti.
Je suis riche et pourtant quelques fois j'ai tendance à l'oublier, pas à le renier mais simplement à l'oublier.
Aujourd'hui, en écoutant Remitti,  j'ai envie de me souvenir pour ne pas me perdre un peu et pour partager beaucoup.
Alors je vais fermer les yeux et penser à tous ces moments de l'autre côté de la mer qui ont fait de moi ce que je suis devenue. Penser à ce pays qui est aussi le mien, aux miens qui sont là-bas et à mon père qui me disait souvent que dans la vie, il fallait être juste.
Pour être juste avec moi même et ma famille, il ne faut pas que j'oublie. Il faut que je me souvienne et que mes enfants apprennent.
L'histoire m'a aidé à réapprendre car quand je regarde les révolutions tunisiennes et égyptiennes, j'espère pour l’Algérie.
J'espère que ce vent de liberté y soufflera et fera enfin émerger un pays rempli de promesses mais étouffé par un système corrompu.

La liberté peut aussi s'écrire en arabe.

Je suis riche et fière de ces batailles et de ces luttes.

Je suis riche et mes enfants aussi.